ALEPH
La liste de discussion des phénomènes fortéens |
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Depuis
1994, Bob Rickard et Paul Sieveking, les éditeurs du magazine anglais
The Fortean Times,
organisent un week-end annuel de conférences à Londres.
Des spécialistes anglo-saxons viennent y débattre ou y exposer
leurs travaux sur les OVNI, la cryptozoologie, la parapsychologie, les
légendes urbaines et toutes les autres joyeusetés réunies
sous le terme de "phénomènes fortéens".
L'événement est baptisé "UNCON", pour Unconvention,
jeu de mot qu'on pourrait traduire en français par "la Convention
sur tout ce qui n'est pas conventionnel".
Cette année, les 6 et 7 avril 2002, la UNCON recevait quelques pointures, notamment dans le domaine de l'ufologie, qui fut l'objet de la table ronde finale. Résumé de quelques unes des conférences |
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Texte et photos par Grégory
Gutierez
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"Betty and Barney Hill, 40 years later",
par Peter Brookesmith
Peter Brookesmith, auteur de plusieurs livres sur les OVNI (notamment
sur les abductions) a fait un exposé sur le célèbre
cas de Betty et Barney Hill, premiers "abductés" américains
en septembre 1961. Son exposé, avec moult cartes de la région
de Nouvelle Angleterre et photographies des routes empruntées
par le couple, était relativement soporifique mais très
précis, sans apporter d'éléments véritablement
nouveaux à l'histoire. Point intéressant cependant, un
extrait d'une série télévisée de science-fiction,
diffusée 10 jours avant le début des séances d'hypnose
du couple en 1964 avec le Dr Simon, a permis à Brookesmith d'appuyer
l'hypothèse selon laquelle le récit de Barney Hill avait
certainement été influencé par cette série.
On y voit un ET blanchâtre, glabre et aux yeux noirs surmontés
de larges arcades sourcilières, parler avec une femme, au travers
d'une vitre. L'ET explique qu'il parle et comprend le langage humain
parce que la communication passe en réalité au travers
des yeux, comme chez toutes les espèces vivantes dans l'univers.
Toute leur discussion tourne autour de ce thème : le regard en
dit beaucoup sur les intentions et les pensées d'un être
vivant. Brookesmith souligne que l'ET de la série ressemble beaucoup
au dessin que Barney Hill fera de ses kidnappeurs, notamment ces arcades
sourcilières particulières. Barney Hill indique aussi
lors des séances que sa terreur est issue du regard du "chef"
de l'équipage, qui le fixe à travers les hublots de la
soucoupe de ses yeux terribles. Même si le raisonnement se tient
- il y a effectivement une ressemblance troublante entre l'ET de la
télé et celui du récit, Brookesmith fait l'impasse
sur une autre particularité du dessin de Barney : la casquette
que porte sur la tête son ET (et que mentionne aussi Betty lors
de ses séances). L'ET télévisé, lui, ne
porte aucune casquette
Licence artistique de l'inconscient de
Barney ? Brookesmith ne remarque tout simplement pas ce détail... Quelques liens :
UFOs : The Hills abduction, un article de About.com sur l'histoire des Hills The Betty & Barney Hill Incident directory, dossier constitué par l'organisation ufologique américaine NICAP
Avec la sortie du film de Mark Pellington adapté du livre de
John Keel, le Mothman est en passe de devenir un personnage incontournable
de la scène ufologique, au même titre que le classique
Little Grey ou l'énigmatique Man In Black. Doug Skinner, illustrateur
et artiste passionné par les phénomènes fortéens,
a présenté le mythe qui prit naissance à Point
Pleasant en Virginie Occidentale, façonné par le talent
de Keel. Peu après la conférence proprement dite, le public est gratifié de la toute première diffusion européenne d'un documentaire américain de 45 minutes, "In search of the Mothman". Une place importante y est laissée à des extraits du film et quelques témoins de l'époque racontent une nouvelle fois leur terrifiante confrontation avec l'oiseau surnaturel. Le mélange entre scènes fictionnelles et témoins réels a malheureusement pour effet de rendre un peu moins crédibles ces pauvres témoins, qui deviennent un élément parmi d'autres dans le puissant appareil de propagande qui accompagne la sortie d'une nouvelle production hollywoodienne. Le documentaire se termine évidemment sur la tragédie du Silvebridge dramatisée à l'excès (la voix off précise que pendant l'écroulement, de mystérieux hommes en noir auraient été vus aux abords du pont), et conclut sur le concept qu'avant chaque grande catastrophe, des "mothmen" se manifesteraient à loisir, signes avant-coureur du drame comme à Tchernobyl par exemple (ah bon ?). Étonnamment les "grandes catastrophes" citées ne comprennent pas les attentats du 11 septembre, les producteurs du documentaire n'ayant sans doute pas osé utiliser une plaie si vive dans leur documentaire promotionnel Loren Coleman, John Keel et quelques autres auteurs font des apparitions en tant qu'autorités, notamment pour supporter cette idée que le Mothman, dont on retrouverait la figure dans toutes les traditions à travers le monde, assure un rôle d'oiseau de mauvais augure... Une chose est certaine en tout cas, le documentaire est vendeur, tient en haleine, et finalement atteint son but : nous précipiter dans le cinéma le plus proche pour voir le film ! Quelques liens :
The Mothman Prophecies, site officiel du film The Mothman lives, autre site promotionnel La métaphysique et le mothman, un article canadien sur le film et sur John Keel
Autre conférence, autre ton : depuis les années 50, James
Moseley, éditeur du magazine Saucer
Smear, suit et commente l'actualité de l'ufologie. Il a connu
toutes les époques, toutes les tendances, et son regard acide
et volontiers moqueur en agace plus d'un. Avec l'aide de Karl Pflock,
Moseley sort cette année son premier livre, qu'il a mis, dit-il,
40 ans à écrire : Shockingly
close to the truth, Confessions of a Grave-Robbing Ufologist,
composé à partir des notes qu'il a prises à chacune
de ses rencontres et pérégrinations. Sa conférence
est surtout l'occasion de quelques anecdotes et de quelques bons mots
: sa rencontre avec le contacté américain des années
50 George Adamski et sa clique de disciples naïfs, son entrevue
avec le président Harry Truman qui lui explique qu'il n'éprouve
strictement aucun intérêt pour les OVNI, l'étrange
histoire de Hunrath et Wilkinson, 2 américains qui s'envolent
à bord d'un petit avion en 1953 pour "rejoindre une soucoupe
volante" et disparaissent corps et biens (en tout cas, on ne retrouva
jamais la carcasse de l'avion), etc. Quelques liens :
James H. Moseley, editor of Saucer Smear, une présentation de Moseley Saucer Smear, le magazine ufologique sans langue de bois :)
La
UNCON 2002 s'est terminée sur un débat au titre provocateur
: "La mort de l'ufologie ?". Très en verve, Jim Moseley s'est ensuite attaqué frontalement
à Colin Bennett, auteur qui vient de publier un ouvrage sur le
contacté des années 50 George Adamski, Looking
for Orthon (Paraview Press) et prépare actuellement deux
autres ouvrages sur Charles Fort et sur le capitaine Edward J. Ruppelt
(qui dirigea le projet Bluebook dans les années 60). Moseley
s'adresse à Bennett : "Sincèrement et sans faux-fuyant,
dites-nous le fond de votre pensée : selon vous George Adamski
a-t-il vraiment vu une soucoupe et discuté avec des vénusiens
?". Rires dans la salle et gêne de Colin Bennett, qui refuse
de répondre clairement à la question. Ce n'est pas si
simple, le concept d'objectivité des faits est en soit discutable
comme nous le montre la mécanique quantique, les spectateurs
des pièces de Shakespeare ne se demandaient pas si l'histoire
qu'on leur racontait était objectivement vraie, etc. La salle
apprécie peu le flou avec lequel Bennett évite de répondre
à la question
A une critique du public qui souligne que quasiment tous les intervenants
sont de tendance sceptique, Judith Jafaar précise différents
termes : le "believer" n'a pas besoin de débattre
puisqu'il sait déjà à quoi s'en tenir, le "debunker"
méprise tout débat, seul le "skeptic"
doute et cherche à comprendre, sans avancer d'explication toute
prête. Dans ce sens, oui, tous les intervenants de ce débat
se considèrent comme sceptiques. Quelques applaudissements dans
la salle et hochements de tête des autres intervenants, à
l'exception notable de Collin Bennett qui n'apprécie guère
d'être ainsi catalogué "sceptique" !
Mise en ligne le 11 avril 2002
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